Collège Turenne
Septembre 2018
Le Land Art
La place de la nature dans l'art
Le Land art est un courant artistique qui est apparu à la fin des années 50 aux Etats-Unis. Les artistes de ce mouvement si particulier été à la recherche de plus de liberté dans leur travail. Comme les impressionnistes avant eux, ces artistes d'un nouveau genre ont voulu quitter leurs ateliers, et les musées pour retrouver plus de liberté dans leurs travaux.
Ainsi, il n'était plus question d'exposer dans les galeries chics, mais bien de pousser le spectateur à sortir de sa zone de confort pour le confronter à la nature. Car oui, pour observer des œuvres du Land art il faut parfois être courageux et ne pas avoir froid aux yeux, le Land art ça se mérite !
Il existe deux grandes tendances dans ce mouvement. La première mise en avant par l'artiste chef de fil : Robert Smithson, mettait en avant un art brutal et violent avec la nature. N'hésitant pas à s'attaquer au paysage avec des Bulldozer pour le modifier à sa guise telle une toile.
L'oeuvre la plus emblématique de Smithson n'est autre que la célèbre Spiral Jetty, conçue en 1973 au Grand Lac Salé, dans l’Utah,Etats-Unis.
Spiral Jetty est une oeuvre monumentale:
- une digue de terre de 450 m de long et 4,5 m de large
- 6 783 tonnes de terre déplacées
- 300 énormes camions, des bulldozers, 625 personnes nécessaires.
C'est en survolant sa Spiral Jetty, alors disparue sous les eaux, que Robert Smithson a trouvé la mort des années plus tard dans le crash de son hélicoptère. Depuis quelques années l'oeuvre est à nouveau visible et continue de faire rêver bons nombres de personnes.
La seconde tendance de ce mouvement, est quant à elle beaucoup plus douce avec la nature et l'environnement. En effet, si Smithson n'hésite pas à attaquer la nature à coup de Bulldozer, d'autres artistes comme Andy Goldsworthy, préfèrent travailler en harmonie avec celle-ci.
Artiste britannique, Andy Goldsworthy, en avait assez de se retrouver enfermé dans son atelier, il déclarera même dans une interview : "se sentir comme un oiseau enfermé en cage"
C'est donc tout naturellement que l'artiste se tourne vers le Land art, ce nouveau mouvement qui vient toucher les cotes britanniques dans les années 70. Ainsi inspiré par Yves klein et le couple, Jeanne-Claude et Christo, Andy Goldsworthy quitte son atelier et part se perdre dans la nature verdoyante anglaise.
Yves Klein, saut dans le vide 1960
Jeanne-Claude et Christo, wrapped trees
En 1986, Andy Goldsworthy s'installe à Penpont dans le Dumshire en Ecosse, où il réside encore actuellement. Vivre dans cet environnement, proche de la nature permet à Andy Goldsworthy d’avoir son atelier à ciel ouvert, où il peut travailler au quotidien. Ainsi c'est le paysage écossais dans son ensemble qui devient l'atelier de l'artiste. Il apprend à connaitre le moindre recoin de ce vaste terrain de jeux quel qu’en soient les saisons. Il sait où trouver les tiges qui lui permettront de créer des liens, où trouver le cerisier qui donnera les feuilles les plus colorées, où encore ce qui se cache sous l'épais manteau de neige.
Ainsi tel un peindre l'artiste va utiliser les matériaux qu'il trouve dans la nature pour en faire sa toile et ses peintures, la nature devient à la fois atelier et matériaux, voire même son inspiration.
La nature est aussi une grande source d'inspiration pour l'artiste. Les formes qu'il représente, souvent abstraites, sont ici des formes qu'il peut observer dans la nature. Il s'agit le plus souvent de cercles, de spirales, et trouvent leurs places aisément dans le paysage.
Bien évidemment, le temps est aussi un matériau central de l'artiste. Le climat, l'érosion, vont venir jouer leur rôle et faire disparaître les œuvres éphémères qui ne persistent que grâce aux clichés photographiques.
C'est dans un paysage ordinaire et familier qu'aime exercer Andy Goldsworthy. Par son travail, sa recherche de matériaux, son regard sur ce paysage va se transformer, et faire de ce paysage, un endroit magique et fantastique où d’étranges formes et couleurs vont venir rythmer l'horizon quelques instants avant de disparaître, laissant la nature reprendre ses droits.
