Collège Turenne
Edouardo Kac
Artiste ou savant fou ?
Janvier 2019
En ce premier mois de 2019, je vous propose de découvrir un artiste qui, par son étrange pratique, ne pourra vous laisser indifférent. Incompréhension, colère, fascination, autant de réactions que peut susciter le travail d'Edouardo Kac.
Mais qui est cet artiste ?
Edouardo Kac, est un artiste contemporain américain, né en 1962 à Rio de Janeiro au Brésil. Très tôt, le jeune homme s’oriente vers la performance artistique*, ainsi toutes les semaines, il réalise une performance sur les plages de Rio.
Dans le but d'approfondir sa connaissance des arts, Edouardo décide de quitter le Brésil pour les États-Unis en 1990, ainsi Kac part étudier à Chicago à l'école de l'institut d'art où il obtient une maitrise des beaux-arts l'année suivante.
Plutôt pas mal non ?
Et sa pratique dans tout ça ?
Si Edouardo Kac commence sa carrière en réalisant des performances, ce n'est pourtant pas pour cela qu'il est aujourd'hui si connu. Se confrontant très tôt aux limites de ce moyen d'expression, Edouardo se tourne vers le monde des sciences pour donner une nouvelle dimension à sa pratique artistique.
Edouardo Kac travaille sur l'hybridation entre les arts et les nouvelles technologies. Dans l’œuvre ci-dessus, vous pouvez trouver un exemple "d'holopésié", il s'agit ici de texte holographique projeté dans l'espace, ce texte va s'animer et se déplacer sous les yeux du public.
Mais c'est pour son travail sur le bio-art qu'Edouardo à fait tant de remue-ménage. En effet, en 1997, l'artiste se tourne vers la génétique et les biotechnologies, il se fait par exemple implanter une puce d'identification dans la jambe gauche, comme celle que ton chien ou ton chat possède. Cette opération se passe sous le feu des caméras qui retransmettent l'intervention sur de nombreuses chaines télévisées. Avec cette action filmée, Kac renoue avec la pratique de la performance.
Ci-contre, Alba, aussi appellée GFP Bunny.
Un lapin vert fluo, étrange allez-vous me dire !! Et pourtant, il s'agit ici d'une œuvre d'Edouardo Kac.
L'artiste a ici travaillé avec des scientifiques afin d'implanter la protéine GFP, une protéine verte fluorescence que l'on retrouve habituellement dans une variété de méduse, dans un lapin.
En 2009, Edouardo Kac récidive avec ses expériences loufoques et s'attaque cette fois à la biologie moléculaire.
Cette fois l'artiste fou décide d'hybrider son ADN avec celle d'une plante. Il met ainsi au point Edunia une "plantimal", un Pétunia qui partage son ADN.
Dans les images ci-dessus, vous pouvez retrouver à gauche, des pétunias normaux et à droite Edunia, la fleur d'Edouardo Kac. Ce qui attire le regard dans cette plante, se sont les étranges vaisseaux sanguins qui semblent parcourir les pétales de la plante, lui donnant ainsi un aspect presque, d'être de chaire.
C'est cet aspect qu'à chercher à mettre en avant Edouardo Kac dans sa fleur. Le sang, son sang, semble couler dans les veines de la fleur qui est à la fois humaine, et plante.
Mais ... POURQUOI ?
Les œuvres d'Edouardo KAC ont fait beaucoup débat lors de leurs réalisations. En effet, apprendre qu'un artiste s'amuse à créer de nouvelles formes de vie hybrides peut sembler déroutant voir totalement incompréhensible. Et pourtant, comme souvent Edouardo Kac ne se prend pas pour un scientifique, même s'il peut en avoir l'air, il cherche comme tous les artistes à faire réagir le public et à l'interroger sur notre société contemporaine. N'oublions pas qu'en 1996, au moment où Edouado Kac se tourne vers cette étrange pratique, est né le premier mammifère cloné, Dolly une brebis qui vécut jusqu'en 2003.
En mettant en avant le Bio-art, Edouardo Kac pose les limites entre arts et sciences, entre les créations de l'homme et de Dame nature.
